©Les Nivaux, Cross the Scan - S21, photographie 7x3,60m.
16 heures d’émotion, nus pieds et plaque de verre du scanner retournée à même le carrelage ...
©Les Nivaux, Photos & vidéos traces de la séance de scan à Phnom Penh dans la prison S21, 2016
Cross the Scan - S21, l’œuvre est l’exacte réplique « scannophotographique » du sol d’une des salles de torture de la prison S-21 qui a servi le génocide des Khmers Rouges au Cambodge.
Imposante par sa taille (7x3,60m), Cross the Scan-S21 l’est aussi par l’émotion qu’elle confère et la gravité du sujet abordé. S21 est la plus tristement célèbre des prisons de la révolution Khmer Rouge, au Cambodge dans les années 70. Basée à Phnom Penh, le bâtiment abritait un lycée, lieu d’enseignement et d’éveil des jeunes esprits avant de se muer en lieu d’effroi, de détention, de torture et d’exécution. Pour presque 20 000 prisonniers seulement 11 rescapés.
C’est lors de leur visite à Phnom Penh des Killing Fields et enfin de la prison S21 que les artistes ne peuvent rester insensibles et surtout simples visiteurs. Après 15 jours d’attente, ils ont les autorisations et le travail peut commencer pour scanner la totalité d’une des salles de torture de S21.
Les Nivaux passent 2 jours surveillés et confinés dans les 25m2 d’une des salles de torture, dans ce lieu « qui prend aux tripes ». 16 heures d’émotion, pour scanner le sol de la salle de torture. Nus pieds et plaque de verre du scanner retournée à même le carrelage, les artistes le déplacent 238 fois pour numériser l’intégralité de la pièce. Ils assemblent ensuite ces 238 scans en une image de 26 GO et 7x3,60m
Cross the Scan
S21
Cross the Scan, c’est une connexion entre un moment de l’histoire, l’oeuvre, le lieu d’exposition et le public.
Imprimée à l’échelle 1:1 elle est exacte réplique photographique de ce sol, témoin des pires cruautés humaines, il est comme un livre ouvert et le scanner en a mémorisé chaque mm2. Le pouvoir de cette œuvre réside dans son authenticité, dans cette faculté que le scanner a de nous livrer le réel tel qu’il est dans sa vérité la plus crue. Il apporte à la photographie une dimension tactile et une extrême précision capturant les moindres détails de la matière.
Cross the Scan, c’est une connexion entre un moment de l’histoire, l’oeuvre, le lieu d’exposition et le public. Imprimée sur un support adhésif spécial et antidérapant, la photographie est vouée à être collée, sur différents sols du monde, à l’échelle 1:1. Les Nivaux parlent de photoportation. Un dialogue s’engage entre l’oeuvre et les sols sur lesquels les artistes décident de la coller. Une superposition d’histoires, une nouvelle histoire ... Le choix même du lieu influe sur le sens et la portée de l’œuvre. Exposée dans la cour de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, Cross the Scan – S21 met en confrontation la culture et l’éducation avec les totalitarismes sanguinaires, soucieux de faire table rase du passé, créant ainsi une tension qui souligne la valeur et le rôle des archives, de l’histoire et de la mémoire. Cette pratique consistant à « photoporter » des lieux et à créer des territoires photographiques prend de l’ampleur dans leur démarche artistique. Ce qui se joue ici dans leur photographie n’est pas de l’ordre de la contemplation mais plus de l’appropriation, isoler pour mieux en parler, extraire de son contexte pour mieux l’enraciner …